luc tartar
Les yeux d'Anna (2010)
mise à jour:
Les yeux d'AnnaEditions Lansman 2010
Les yeux d'Anna est une commande de Yamina Hachemi, Théâtre Temps
Aide au compagnonnage de la Dmdts en 2008.
Pièce lauréate de la tournée 2010-2011 de la Fédération d'Associations de Théâtre Populaire (FATP).
Pièce lauréate du Prix de l'INEDITHEATRE 2010, organisé par l'association Postures, le Théâtre de l'Est Parisien et les éditions Lansman.
Pièce coup de coeur 2013-2014 de TAP - Théâtre à la Page.

Anna est une jeune fille surdouée. Son inadaptation est criante et son regard insupportable : elle a les yeux vairons ! Au lycée, après un cours de sport, ses camarades, filles et garçons mêlés, lui volent ses vêtements et l'exhibent nue dans la cour. Anna rentre chez elle et s'enferme dans sa chambre, refusant tout contact avec le monde. Les parents, bouleversés et impuissants, passent la soirée à la porte de leur fille.


La presse :

Luc Tartar a la pertinence et l’efficacité pour inscrire dans sa pièce des sujets épineux, délicats et gratte-poils, tels que l’obscurantisme, la haine raciale. L’auteur a su, malgré un cadre stylistique tentant, échapper à la vulgarité d’un langage qui se veut souvent complaisant et faussement populaire. Rendu, certainement efficace.
Jacky Viallon, Webthea.com 

Luc Tartar a écrit ce texte efficacement construit, qui joue habilement du suspense et des fantasmes, avec une question lancinante en tête : qui sont les sorcières du XXIème siècle?
Catherine Robert, La Terrasse, janvier 2011.

Face à la densité des thèmes abordés dans ce conte cruel, on pourrait être pris de vertige, mais non. Le texte de Luc Tartar est superbe, oscillant entre réalisme et poésie, jouant sur cette idée d’un long cauchemar. [...] Evidemment, les jeunes adorent. Et nous ne pouvons que les comprendre. Cette pièce parle d’eux et de nous.
Marie-Céline Nivière, Pariscope, 25 janvier 2011.

Dans ce théâtre, c'est aussi cela qui dérange : des adultes en état de survie, happés par une société implacable et ingrate. Et, au milieu de cette belle pagaille, Anna est une bombe à retardement dont l'ombre plane, une menace permanente. Destabilisante, elle l'est, d'autant qu'elle n'apparaît pas sur scène. Les mots résonnent ici avec une puissance redoutable.
Sheila Louinet, Les Trois Coups.com, 9 février 2011.

Astucieux, avec beaucoup d'acuité, le texte met à jour les mécanismes en oeuvre dans le corps social lorsqu'une réalité particulière heurte les représentations symboliques communes et conduisent à un sacrifice. [...] Anna aux yeux vairons est soeur d'Iphigénie.
Jean Grapin. Kourandart, 10 février 2011.


Un extrait :

Clémentin : Les filles elles se montrent on les regarde. Du rouge partout sur les lèvres sur les ongles entre les cuisses ça se voit. Les filles langue en vrac et cul serré. Et quand enfin on jette un œil elles montent en grand sur leurs chevaux et va-t-en les rattraper.

 Barbara : Tais-toi. Je t’ai pas élevé comme ça.

 Monique : Qu’est-ce qui s’est passé avec Anna ?

 Clémentin : Elle avait qu’à pas. Pas nous regarder. Pas nous parler. En tout cas pas nous parler de cette histoire. Tituba. Les sorcières. Tout ça. Elle avait qu’à pas lire ça devant nous. Elle avait qu’à pas nous provoquer. Cette fille elle est bizarre. Pas comme tout le monde. Des mois qu’elle nous nargue. Elle et son piercing. On dirait qu’elle le fait exprès. Qu’elle vienne pas dire maintenant. Elle avait qu’à faire comme les autres filles. Se faire toute petite. Rentrer dans les murs. Pas être là à ce moment là. Mais non. Elle nous regarde.

 Jean : " Sorcière du balai " c’est toi ?

 Clémentin : C’était pour rigoler.

 Jean : Pour rigoler ?

 Clémentin : Et puis aussi comment on dit ? y’a pas de fumée sans feu c’est ça ? Murmures et tremblements dans la chambre d’Anna. Elle m’a regardé ce matin j’ai pas aimé. Comme pour dire Je t’ai vu près des camionnettes. Et puis elle a fait un geste. Quoi ? Qu’est-ce qu’elle veut ? Moi je serre pas la main des femmes. Je vois ses yeux… ses yeux… Je détourne la tête. Je passe mon chemin. Et c’est dans le dos qu’elle me frappe. Je hurle ma race une douleur insupportable je l’entends murmurer derrière moi sa petite ritournelle comme un poignard qui me rentre dans le crâne.

 " Tu brûles ce que tu crains
Tu crains ce qui t’échappe
Ton regard est pauvre
Change de point de vue "

 Ça me coupe le souffle je me retourne d’un coup comme pour lui arracher la langue et je vois.

 Jean : Qu’est-ce que tu vois ?

 Clémentin : Ses yeux…

 Jean : Quoi ? Qu’est-ce que tu as vu dans les yeux d’Anna ?

Clémentin : Des choses.

 Jean : Quelles choses ?

 Clémentin : Anna je veux voir Anna.

 Jean : Pourquoi ?

 Clémentin : On lui a rendu son piercing. Maintenant qu’elle me rende ce qu’elle m’a pris ce matin.

 Jean : Non Clémentin je ne crois pas à tes histoires.

 Clémentin : Elle m’a volé quelque chose je l’ai vu dans ses yeux.

 Jean : Qu’est-ce qu’elle t’a pris ? Qu’est-ce que tu as vu dans les yeux d’Anna ?

La mise en scène de Cécile Tournesol 2018

La mise en scène de Paula Marull à Buenos Aires 2016

La mise en scène de Boris Schoemann à Mexico  2013
La mise en scène de Yamina Hachemi, 2010