luc tartar
Terres arables (2000)
Terre d’asile, Terres arables, La femme de paille
mise à jour:

La Femme de paille

(d'après L'homme de paille, de Feydeau, commande de Théâtre au présent)
Un parti politique recherche une femme de maire. Hortensia et Bernadette posent leur candidature et se mettent en vitrine. Mais voilà : ces dames sont des hommes prêts à tout pour enlever le morceau...
 

Note de lecture & dramaturgie :

(Lettre de Diane Pavlovic à Luc Tartar, 28 janvier 2001.)
C’est Feydeau qui serait étonné du résultat, bien que son thème y soit. Sur la fabrication de l’image, sur la conscience de la représentation, sur la comédie du pouvoir, nous voici au terme du parcours. Une Alsacienne d’opéra et une Marquise de théâtre (sans jeu de mots ?) offertes en spectacle dans une vitrine, voilà qui est net, surtout qu’il s’agit d’hommes dont tu précises que le travestissement est grossier. Il y a dans ce texte de savoureux jeux de scène potentiels et une réflexion fine, à nouveau, sur le manipulateur manipulé (les vrais enjeux échappent à tout le monde), mais je l’ai quand même trouvé moins troublant – plus divertissant, moins complexe – que les précédents. Pourquoi pas, me diras-tu ? En effet ! Question d’affinités, sans doute. Remarque, j’ai bien rigolé… (À ceci, par exemple : "Dites donc vous ! Vous ne seriez pas un peu coiffeur ?")

Un extrait :

Bernadette : Y'a pas besoin d'un long discours. Dimanche prochain y'a qu'à voter et avec nous ce sera vite fait. On a un plan pour gagner les élections. Alors voilà. Le Chef de notre parti est un type autoritaire qui ne veut pas en avoir l'air. Un il endort son monde deux il prend la Mairie. C'est le plan. Pour cacher ses colères et faire diversion c'est très simple : notre Chef va se marier. En grande pompe il épouse une femme de paille une poupée qu'on met en vitrine et qui attire les voix. Avec ça on gagne haut la main et notre Chef s'empare du pouvoir. Pour la femme de paille le parti a lancé un appel d'offres. J'ai tout de suite pensé à moi... Dame ! Pourquoi pas... En appuyant discrètement par ici et en faisant valoir ce côté là je peux tout à fait passer pour l'homme de la situation. A moi les inaugurations et les extases municipales ! Et dans la foulée je me jette dans l'arène j'embrasse la carrière et je signe mes premiers arrêtés. Quel talent ! Bernadette calme-toi. Tu vas tremper ton linge de corps et ça va faire des auréoles. Ce serait dommage pour cette petite Marquise dénichée dans l'armoire de ma nièce. Donc j'ai mis ma plus belle robe. Au débotté je dégotte les accessoires — ça fera bien la rue Michel — je suis entrée et me voilà ! Le temps d'envoyer valser l'Alsacienne et je suis à vous.

Terres arables, traduction roumaine, Eugenia Anca Rotescu.
 
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